La révolution Gluck

Paul Agnew, Les Arts Florissants et le flamboyant trio vocal formé par Reinoud Van Mechelen, Ana Vieira Leite et Julie Roset nous proposent une lecture absolument captivante du chef-d’œuvre de Gluck dans sa version française originale.

DIAPASON d’OR

Avec Orphée et Eurydice, Gluck bouleverse à Paris les codes de l’opéra en révisant son succès viennois pour la cour de Marie-Antoinette. Premier jalon d’une véritable révolution esthétique, cette version française est un tournant décisif de l’histoire lyrique. C’est ce vent de nouveauté que la formidable équipe réunie dans cet album nous invite à redécouvrir.

Lawes d’une autre oreille

Pour leur tout premier album chez harmonia mundi, Robin Pharo et son ensemble ‘Près de votre oreille’ nous plongent dans l’univers si poétique de l’un des musiciens les plus originaux de l’Angleterre du XVII^e siècle : William Lawes.

Génial héritier de Byrd et Gibbons, qualifié de “Père de la Musique” par Charles I^er, William Lawes a porté l’art du consort de violes, mais aussi la musique vocale – une facette que l’on connaît encore peu de lui – à un degré de raffinement inouï. Une redécouverte aussi surprenante qu’éblouissante.

Hasse métamorphosé

L’Akademie für Alte Musik Berlin et Bernhard Forck signent avec cet album une interprétation éclatante de Piramo e Tisbe, joyau encore trop méconnu de Hasse. Porté par Anett Fritsch, Roberta Mameli et Jeremy Ovenden, cet “intermezzo tragique” surprend par son intensité et la modernité de son écriture.

Amours interdites, passion et lyrisme incandescent… Avec Piramo e Tisbe, l’un de ses derniers ouvrages lyriques, Hasse bouscule les codes figés de l’opera seria pour créer un bijou d’émotion et d’invention. Cette gravure redonne toute ses couleurs et sa force expressive à une partition qu’admirait Mozart.

Bach en trio

Isabelle Faust et Kristian Bezuidenhout poursuivent leur exploration de l’univers chambriste de Bach. Aux côtés de Kristin von der Goltz au violoncelle, ils redonnent vie à ce somptueux corpus trop rarement enregistré.

Les sonates et autres pièces pour violon et basse continue sont trop souvent reléguées dans l’ombre des Sonates pour violon et clavecin… à tort : ce sont autant de joyaux de virtuosité et de poésie, dévoilant un Bach tour à tour inventif, raffiné et profondément expressif. Chaque page éclaire un pan méconnu et captivant de son art – de quoi surprendre celui ou celle qui pensait connaître l’œuvre du Cantor sur le bout des ongles !

Scarlattissimo !

Javier Perianes explore l’univers si riche de son compatriote d’adoption : Domenico Scarlatti. Puisant au sein de son corpus foisonnant tout de fantaisie et de liberté, il nous offre un panorama unique de ce pionnier de la sonate pour clavier seul.

Musicien visionnaire, Scarlatti a en effet repoussé les frontières de l’écriture pour clavier, mêlant mélodies lumineuses, rythmes enlevés et audaces techniques. Dans ce florilège de ses plus belles sonates, Javier Perianes révèle avec autant de gourmandise que de virtuosité toute la richesse et l’inventivité de son langage musical.

Mendelssohn frère et sœur

Justin Doyle, le RIAS Kammerchor Berlin et la Kammerakademie Potsdam explorent les chefs-d’œuvre de la musique sacrée signés Felix et Fanny Mendelssohn. Deux stars du monde lyrique, Christina Landshamer et Martin Mitterrutzner, les accompagnent dans ce premier volume d’une série prometteuse.

Dans le sillage de Bach et Haendel, Felix Mendelssohn et sa sœur Fanny Hensel ont laissé des pages chorales parmi les plus somptueuses de la première moitié du XIX^e siècle. Moins connu que Paulus et Elias, le testamentaire Christus, resté inachevé à la mort de Felix, en constitue pourtant le troisième volet spirituel. En contrepoint joyeux, la cantate Lobgesang de Fanny, écrite pour le premier anniversaire de son fils Sebastian, révèle une tout autre facette du génie musical de cette fratrie hors du commun.

Un vent de liberté

Dans ce deuxième volume de leur intégrale, les musiciens du Cuarteto Casals plongent au cœur de la période médiane de Chostakovitch. Le compositeur, affranchi de la censure la plus brutale, y multiplie les audaces formelles et renouvelle profondément le langage du quatuor à cordes.

Après la mort de Staline, Chostakovitch bénéficie d’une liberté d’expression – toute relative, certes, mais vitale. Les œuvres qu’il compose entre 1956 et 1968 portent la trace de ce souffle nouveau : entre tension intérieure, ironie mordante et lyrisme douloureux, elles comptent parmi les sommets du quatuor au XX^e siècle.

Sur le piano de Rachmaninov !

Alexander Melnikov revient à Rachmaninov. Il explore ici ses géniales Variations sur un thème de Chopin et quelques mélodies parmi les plus attachantes, aux côtés du soprano lumineux de Julia Lezhneva.

Pour enregistrer ce disque, les artistes se sont rendus à la Villa Senar, près de Lucerne, ultime villégiature du compositeur. Cela nous vaut d’entendre ces œuvres magistrales sur le propre piano de Rachmaninov ! Une expérience unique.

Trois visages de Ravel

Sept ans après leur album « Debussy et le jazz« , les musiciens du Quatuor Debussy retrouvent leur complice, le vibraphoniste Franck Tortiller, pour rendre un vibrant hommage à Ravel.

La singularité de ce disque tient à sa manière d’explorer l’œuvre de Ravel : outre le célèbre Quatuor, les musiciens gravent en effet ici deux œuvres traitées de manière très originale : Ma mère l’Oye est ainsi présentée dans une transcription signée Alain Brunier et, avec Franck Tortiller, ils nous proposent une œuvre nouvelle à partir du Tombeau de Couperin, nourrie d’improvisations de jazz – un genre que Ravel, on le sait, appréciait tout particulièrement.

La clé du Songe

Pablo Heras-Casado, le Freiburger Barockorchester et le RIAS Kammerchor Berlin nous proposent une lecture enthousiasmante du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn.

Le Songe retourne à sa source ! Avec cette musique de scène, Mendelssohn s’imposait au panthéon des romantiques par la subtilité de son orchestration et sa puissance poétique. Pablo Heras-Casado avait à cœur de revenir vers le mélodrame originel, ce qu’il réussit pleinement avec cette version historiquement informée sur le plan musical, mais aussi mélodramatique, en compagnie du génial Max Urlacher, narrateur formidable de verve.

Yin & yang

Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy explorent à quatre mains deux pages mythiques de Stravinsky et de Ravel !

De la douceur bouleversante d’un adieu au monde de l’enfance (Ma mère l’Oye) à la puissance sauvage des rites de la Russie pré-chrétienne (Le Sacre du printemps), Ravel et Stravinsky ouvraient, chacun à sa manière, des horizons nouveaux à la modernité. Réunir deux manifestes aux apparences tellement… antagonistes n’était pas le moindre des défis pour un duo dont la palette expressive est couverte d’une infinité de couleurs.