Ravel, ou la quadrature du cercle

Avec ce triple album, Julien Libeer nous propose un voyage à travers l’univers pianistique et chambriste de l’un de ses compositeurs de prédilection : Maurice Ravel.

Aux côtés de ses amis Lorenzo Gatto au violon et Bruno Philippe au violoncelle, il sillonne les contrastes d’une œuvre à la fois sensuelle et rigoureuse, classique et visionnaire. Entre clarté et mystère, ce Ravel se révèle dans toute sa complexité, entre allégeance au passé et modernité radicale. Un art d’équilibre – une quadrature du cercle ! – que les artistes abordent avec autant de brio que de poésie.

Le sourire des Mozart

Pour leur tout premier album chez harmonia mundi, Florent Albrecht et son Ensemble de l’Encyclopédie explorent l’univers espiègle et malicieux des Mozart, père et fils.

Entre la Symphonie des jouets et la Promenade en traîneau de Leopold, la Sérénade nocturne et la Plaisanterie musicale de Wolfgang, ce programme célèbre l’esprit des Lumières à travers une musique pleine d’esprit, d’invention et d’ironie bienveillante. L’art du sourire mozartien s’y déploie dans toute sa finesse, entre fantaisie populaire et raffinement viennois, magnifié par des instruments d’époque et un sens théâtral irrésistible.

Bach from Italy

Dans ce double album jubilatoire, Amandine Beyer et Gli Incogniti explorent l’influence de l’Italie sur la musique concertante de Johann Sebastian Bach. Un voyage d’une incroyable vitalité.

Loin du cliché d’un Bach austère et replié sur lui-même, Amandine Beyer et Gli Incogniti révèlent un compositeur curieux, passionné par les inventions de ses contemporains italiens. Dans ce jeu d’échos et de miroirs, les musiques des frères Marcello et de Vivaldi répondent à celles du Cantor, éclairant la part la plus solaire de son génie.

Un requiem humain

Après avoir gravé quelques chefs-d’œuvre de la musique sacrée du XVIII^e siècle (Passion selon saint Matthieu, Messe en si mineur de Bach, Requiem de Mozart…), Raphaël Pichon et l’Ensemble Pygmalion se tournent vers leur héritier romantique, Brahms. Ils nous proposent ici de tendre une oreille nouvelle sur le drame si profondément humain de son Requiem allemand.

Avec deux solistes extraordinaires, Sabine Devieilhe et Stéphane Degout, ils offrent une lecture à rebours des visions souvent grandiloquentes du Jugement dernier propre aux messes des morts romaines, renouant ainsi avec le propos originel de Brahms : offrir une “consolation pour ceux qui souffrent”. D’une transparence polyphonique confondante, leur interprétation transcende la partition et en révèle toute l’universalité.

L’amour d’une vie

Avec The Viola in My Life, Morton Feldman faisait de l’alto une voix intime, quasi autobiographique. C’est peu dire qu’Antoine Tamestit se retrouve totalement dans cette œuvre où chaque note est un monde !

Antoine Tamestit : “Cette œuvre m’a accompagné comme une confidence, une méditation presque silencieuse sur ce que l’alto représente dans ma vie. À travers elle, j’ai ressenti combien cet instrument me relie à l’écoute, à la patience, à l’intériorité. Morton Feldman ne compose pas ici pour briller, mais pour faire entendre l’infime, l’indicible – c’est cela qui m’a profondément touché, et que je souhaite faire partager aux auditeurs.”

Le violon de Telemann

Isabelle Faust poursuit sa fascinante exploration du répertoire violonistique de Telemann avec un album consacré à cet univers si riche et bigarré.

Compositeur plus que fécond et pionnier du genre concertant en Allemagne, Telemann a laissé de très nombreuses pages pour le violon. Virtuosité, pouvoir d’évocation, lyrisme raffiné… l’instrument s’y déploie sous toutes ses facettes. Aux côtés de quelques concertos majeurs, une Ouverture, une Suite et une Fantaisie complètent ce portrait haut en couleur, porté par l’énergie lumineuse de l’Akademie für Alte Musik Berlin.

Nos folles années

Lors du vingtième anniversaire de leur fondation, François-Xavier Roth et les musiciens des Siècles ont eu à cœur de célébrer l’univers bigarré du Paris de la Belle-Époque dans son antre : le Théâtre des Champs-Élysées.

Le programme enregistré en live au « TCE » réunit quelques chefs-d’œuvre symphoniques qui ont marqué l’imaginaire musical de leur temps : au-delà du Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy et de L’Apprenti sorcier de Dukas, voici l’occasion de découvrir ou de redécouvrir le trop rare Namouna de Lalo et l’étourdissant Bacchus et Ariane de Roussel.

La révolution Gluck

Paul Agnew, Les Arts Florissants et le flamboyant trio vocal formé par Reinoud Van Mechelen, Ana Vieira Leite et Julie Roset nous proposent une lecture absolument captivante du chef-d’œuvre de Gluck dans sa version française originale.

DIAPASON d’OR

Avec Orphée et Eurydice, Gluck bouleverse à Paris les codes de l’opéra en révisant son succès viennois pour la cour de Marie-Antoinette. Premier jalon d’une véritable révolution esthétique, cette version française est un tournant décisif de l’histoire lyrique. C’est ce vent de nouveauté que la formidable équipe réunie dans cet album nous invite à redécouvrir.

Lawes d’une autre oreille

Pour leur tout premier album chez harmonia mundi, Robin Pharo et son ensemble ‘Près de votre oreille’ nous plongent dans l’univers si poétique de l’un des musiciens les plus originaux de l’Angleterre du XVII^e siècle : William Lawes.

Génial héritier de Byrd et Gibbons, qualifié de “Père de la Musique” par Charles I^er, William Lawes a porté l’art du consort de violes, mais aussi la musique vocale – une facette que l’on connaît encore peu de lui – à un degré de raffinement inouï. Une redécouverte aussi surprenante qu’éblouissante.

Hasse métamorphosé

L’Akademie für Alte Musik Berlin et Bernhard Forck signent avec cet album une interprétation éclatante de Piramo e Tisbe, joyau encore trop méconnu de Hasse. Porté par Anett Fritsch, Roberta Mameli et Jeremy Ovenden, cet “intermezzo tragique” surprend par son intensité et la modernité de son écriture.

Amours interdites, passion et lyrisme incandescent… Avec Piramo e Tisbe, l’un de ses derniers ouvrages lyriques, Hasse bouscule les codes figés de l’opera seria pour créer un bijou d’émotion et d’invention. Cette gravure redonne toute ses couleurs et sa force expressive à une partition qu’admirait Mozart.

Bach en trio

Isabelle Faust et Kristian Bezuidenhout poursuivent leur exploration de l’univers chambriste de Bach. Aux côtés de Kristin von der Goltz au violoncelle, ils redonnent vie à ce somptueux corpus trop rarement enregistré.

Les sonates et autres pièces pour violon et basse continue sont trop souvent reléguées dans l’ombre des Sonates pour violon et clavecin… à tort : ce sont autant de joyaux de virtuosité et de poésie, dévoilant un Bach tour à tour inventif, raffiné et profondément expressif. Chaque page éclaire un pan méconnu et captivant de son art – de quoi surprendre celui ou celle qui pensait connaître l’œuvre du Cantor sur le bout des ongles !

Scarlattissimo !

Javier Perianes explore l’univers si riche de son compatriote d’adoption : Domenico Scarlatti. Puisant au sein de son corpus foisonnant tout de fantaisie et de liberté, il nous offre un panorama unique de ce pionnier de la sonate pour clavier seul.

Musicien visionnaire, Scarlatti a en effet repoussé les frontières de l’écriture pour clavier, mêlant mélodies lumineuses, rythmes enlevés et audaces techniques. Dans ce florilège de ses plus belles sonates, Javier Perianes révèle avec autant de gourmandise que de virtuosité toute la richesse et l’inventivité de son langage musical.

Mendelssohn frère et sœur

Justin Doyle, le RIAS Kammerchor Berlin et la Kammerakademie Potsdam explorent les chefs-d’œuvre de la musique sacrée signés Felix et Fanny Mendelssohn. Deux stars du monde lyrique, Christina Landshamer et Martin Mitterrutzner, les accompagnent dans ce premier volume d’une série prometteuse.

Dans le sillage de Bach et Haendel, Felix Mendelssohn et sa sœur Fanny Hensel ont laissé des pages chorales parmi les plus somptueuses de la première moitié du XIX^e siècle. Moins connu que Paulus et Elias, le testamentaire Christus, resté inachevé à la mort de Felix, en constitue pourtant le troisième volet spirituel. En contrepoint joyeux, la cantate Lobgesang de Fanny, écrite pour le premier anniversaire de son fils Sebastian, révèle une tout autre facette du génie musical de cette fratrie hors du commun.